des figures de paix
Depuis janvier 2022, dans la continuité de la Journée Mondiale de la Paix, Pax Christi propose de découvrir des hommes et des femmes d’Eglise qui ont reçu la prestigieuse récompense du Prix Nobel de la Paix.
Quel que soit notre âge, nous sommes invités à nous inspirer de ces figures et, à  bâtir la paix à leur suite. EN ROUTE !!

John Hume, l’engagement politique pour la paix (1937 – 2020)

Irlande du Nord – XXe siècle – Prix Nobel de la Paix en 1998

Considéré comme la figure politique irlandaise la plus importante du XXe siècle, John Hume est récompensé du Prix Nobel de la Paix en 1998 pour ses efforts dans la construction de la réconciliation entre Irlandais catholiques et protestants.

John Hume né en 1937 dans une famille nombreuse (sept enfants), d’origine modeste et de confession catholique. L’Irlande est depuis 1921 divisée en deux avec au sud une partie libérée de l’influence britannique et majoritairement catholique, et au nord une partie restée fidèle à la couronne d’Angleterre, majoritairement protestante.

John Hume grandit en Irlande du Nord, où la minorité catholique est victime de discriminations. Les tensions confessionnelles grandissent à partir des années 1960, lorsque la minorité catholique décide de défendre ses droits civiques par des actions pacifiques. Soutenu par son épouse, John Hume décide d’y prendre une part active.

L’armée britannique répond avec violence aux manifestations des catholiques, qui persévèrent malgré de nombreuses pertes. Lors d’une marche – qui sera tragiquement appelée Dimanche Noir (Bloody Sunday ou Dimanche Sanglant) – 

l’armée ouvre le feu contre des manifestants et fait plusieurs morts et des dizaines de blessés. Le groupe paramilitaire IRA (Irish Republican Army ou Armée républicaine irlandaise), décide d’y répondre par la violence et perpétue une série d’attentats.

C’est en réaction à la violence politique et militaire prônée par l’IRA que John Hume décidera en 1970 de fonder le Parti social-démocrate et travailliste d’Irlande du Nord (SDLP). Ses grandes capacités de dialogue et d’ouverture permettront à un accord d’être signé (l’accord du Vendredi Saint) mettant fin en 1998 à plus de trente ans de guerre civile.

L’archevêque Nathan Söderblom, Pionnier de l’œcuménisme et chercheur de paix (1866-1931)

Suède – XIXee siècle – Prix Nobel de la Paix en 1930

Toute son œuvre a été dirigée par une résolution de jeunesse qui était de favoriser « l’unité libre » à la fois entre les églises et entre les nations. Il est récompensé pour cela par le Prix Nobel de la Paix en 1930, ainsi que pour son engagement auprès des réfugiés et des prisonniers de guerre.

Lass Olof Jonathan Söderblom est né en 1866 en Suède. Fils de pasteur luthérien, il deviendra lui-même un élément brillant et renommé de l’Eglise piétiste suédoise.

Devenu pasteur en 1983, il deviendra archevêque en 1914, alors que débute la Première Guerre mondiale. Intellectuel brillant, il poursuit des études poussées de langues et de théologie et obtient un doctorat en religion comparée en 1901.

Il passe quelques années de sa vie en France, où il occupe le poste de pasteur auprès de l’Eglise suédoise et d’aumônier de l’Ambassade de Suède. Il côtoie de nombreux peintres, écrivains, artistes et diplomates.

Pendant la guerre, il s’engage activement pour demander l’amélioration des conditions de vie des prisonniers de guerre et des personnes réfugiées. Il s’investit pour que les relations entre les églises chrétiennes s’améliorent et que ces dernières se mobilisent ensemble en faveur de l’unité et de la paix dans le monde.

Père Dominique Pire, le croisé des déshérités (1910-1969)

Belgique – XXe siècle – Prix Nobel de la Paix en 1958

La seule croisade qu’il aura menée est celle d’une « Europe du cœur » pour susciter l’entraide et l’empathie pour toutes les personnes déplacées suite au désastre de la Seconde Guerre mondiale. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1958 pour son dévouement envers les exilés e les déracinés.

Georges Pire est né en 1910 dans la Wallonie de l’époque. Il est élevé par un père instituteur et sa mère élève les quatre enfants au foyer. Très vite sa famille est touchée par les conséquences de la Première Guerre mondiale. Obligée de s’exiler pour fuir les troupes allemandes, la famille connaît un exode douloureux à bord d’une barque sur la Meuse et le jeune Pire perd alors son grand-père, fusillé alors qu’il n’avait que quatre ans et demi. La famille trouve refuge en France, d’abord en région bretonne, puis en Normandie, où le père de Georges Pire continue d’exercer en tant qu’instituteur.

A l’armistice, la famille revient en Belgique et Georges Pire commence des études dans la ville de Leffe. Il reçoit l’appel pour être prêtre très jeune et entre chez les Dominicains à l’âge de dix-huit ans. Il fait un cursus brillant et devient docteur en théologie en 1936, deux ans après son ordination. Jusqu’en 1949, il enseigne la philosophie morale et la sociologie au couvent des Dominicains tout en assumant les fonctions d’aumônier dans l’armée résistante belge.

L’année 1949 marque le début de sa deuxième vocation. Lors d’une conférence il entend le témoignage d’un colonel des Nations Unies qui évoque les conditions de vie des personnes déplacées dans les camps de réfugiés en Europe. Georges Pire, devenu Père Dominique Pire, ressent alors un appel de Dieu à venir en aide à ces déshérités et il leur consacrera le reste de son existence. Il crée l’association internationale d’aide aux personnes déplacées qui vise à créer des villages européens solidaires où les personnes pourront retrouver leur dignité. Il milite pour que l’Europe ouvre les yeux sur la misère des familles blessées par la guerre.

Mgr Desmond Tutu, le défendeur des droits de l’Homme (1931-2020)

Afrique du Sud – XXe siècle – Prix Nobel de la Paix en 1984

Surnommé « la voix des Sud-Africains noirs sans voix », Monseigneur Desmond Tutu est récompensé du Prix Nobel de la Paix en 1984 pour son combat pour les droits de l’homme sous le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud.

Lorsque Desmond Mpilo Tutu est né en 1931, l’Afrique du Sud est encore loin de se douter que quelques années plus tard, en 1949, une page tragique de son histoire débutera : celle du régime racial et raciste de l’Apartheid (1949-1994). Desmond Tutu grandit dans une famille heureuse, dans la région du Transvaal, au sud-est de Johannesburg. Son père enseigne dans les établissements missionnaires d’Afrique, où il entre et se forme au métier d’enseignant. Il obtient son diplôme et exerce la fonction de maître d’école pendant quelques années avant de tout quitter pour devenir prêtre de l’Eglise anglicane en 1961.

Après son ordination, il est envoyé à Londres pour continuer des études en théologie. Lorsqu’il revient en Afrique du Sud en 1975, il est nommé doyen du diocèse de Johannesburg, un poste habituellement confié à des Blancs. Les lois du régime discriminent fortement les populations noires et métisses du pays. En 1976, des étudiants de la banlieue de Soweto, non loin de Johannesburg, décident de manifester contre un décret voulant imposer la langue afrikaans comme langue officielle à l’université au même titre que l’anglais. Les manifestations tournent en émeutes, réprimées par les forces de l’ordre du régime.

Suite au décès du militant et leader de la Conscience Noire, Steve Biko, en détention en 1976, Desmond Tutu décide de faire son entrée sur la scène politique. Il organise alors des manifestations pour lutter contre le régime de l’Apartheid et défendre les droits des populations opprimées. En 1978, il devient l’un des principaux porte-paroles des Noirs en Afrique du Sud.

Profondément convaincu que la réconciliation doit passer par des moyens pacifiques, il est à l’origine du rêve de « la nation arc-en-ciel », qui sera au cœur de la politique de la nouvelle Afrique du Sud voulue par Nelson Mandela en 1994. Il sera nommé président de la Commission Vérité et Réconciliation pour aider l’Afrique du Sud à reconstruire une société apaisée au lendemain de la fin de l’Apartheid, grâce à la place centrale du Pardon.

Mère Teresa de Calcutta, missionnaire de la charité (1910-1997)

Albani – XXe siècle – Prix Nobel de la Paix en 1979

Elle fait partie des religieuses les plus connues mondialement et des figures de la charité en action et vérité. Mère Teresa de Calcutta reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1979 pour son action en faveur des plus défavorisés dans son pays de mission, l’Inde.

Originaire d’Albanie, Agnès Gonxha Bojaxhiu est née en 1910 à Skopje dans une famille bourgeoisie de confession catholique. Elle perd son père très jeune, à l’âge de 9 ans. Sa mère lui inculque les valeurs de la charité dès son plus jeune âge et l’élève dans la foi.

A douze ans, elle ressent l’appel de Dieu à se consacrer à Lui et entre à 18 ans chez les Sœurs de Lorette. Elle débute sa vie de religieuse en Europe, en Irlande et devient enseignante de géographie. Elle est envoyée en Inde en 1929, dans la ville de Calcutta, où elle continuera d’exercer cette profession au couvent.

En 1948, elle entame une nouvelle étape de sa vie religieuse en quittant le couvent pour fonder l’ordre des sœurs missionnaires de la charité après avoir reçu un appel du Christ à servir les plus pauvres. Elle quitte alors le couvent pour s’installer dans un bidonville et œuvre pour offrir aux plus défavorisés, et notamment aux mourants, des conditions de vie dignes et un soutien dans leur misère.

Elle ne tarde pas à être rejointe par d’autres religieuses attirées par son inspiration et sa foi. Elle passera des décennies à soulager la misère des pauvres. Elle sera canonisée et deviendra sainte en 2016.

Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, défendeur de l’indépendance (1948-)

Timor occidental – XXe siècle – Prix Nobel de la Paix en 1996

Décidant de « laisser la politique aux politiciens », Mgr Belo aurait pu devenir président du Timor oriental après avoir contribué à en gagner l’indépendance mais il a préféré continuer sa vie de missionnaire au Mozambique. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1996 pour son effort de paix dans le Timor oriental, alors sous domination indonésienne.

Carlos Filipe Ximenes Belo est né en 1948 à Bacau, au nord-est de la capitale Díli. Il perd son père très jeune. Le Timor oriental est alors encore sous domination indonésienne. Le jeune Carlos Filipe poursuit ses études en philosophie et théologie jusqu’en 1968, année où il entrera au séminaire pour devenir prêtre.

Ordonné en 1980, il devient trois ans plus tard la tête de l’église est-timoraise. Il 

devient le porte-parole du peuple timorais contre les politiques du gouvernement indonésien. Par deux fois on tente d’intenter à sa vie, en 1989 et en 1991 à la suite de manifestations pacifiques organisées à Díli. Des militants pacifiques se font alors massacrer par les forces de police, ce qui pousse Carlos Filipe à demander la démission de deux généraux et des réformes dans l’armée.

Grand défenseur de la résistance non-violente, il obtient grâce à la parution d’une lettre ouverte adressée au gouvernement indonésien en 1994, l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination du peuple timorais. Il l’obtient en 1999 et le pays obtient l’indépendance en 2002.